Interviews : Jean Marius d’Alexandris s’exprime à propos d’une méthode biologique de traitement des eaux usées
- Début de vidange d’une fosse septique en Afrique
Partout dans le monde, les eaux usées des maisons non reliées à un égout sont récupérées dans un réservoir appelé fosse septique qu’il faut vider quand il est plein. Tous ces composants stockés dans la fosse (matière fécale, urine, eau) pourraient être utiles au développement de la végétation. Nous produisons donc une eau qui pourrait devenir un engrais pour accélérer la pousse des végétaux. Elle contient de l’urée, de l’ammoniac, de l’azote, de la potasse, des nitrates, du phosphate, etc.
- Vidange d’une fosse septique en Afrique
Question :
Jean Marius d’Alexandris :
Si l’eau usée, épurée, sert à l’arrosage du jardin potager, elle doit être biologiquement propre, c’est-à-dire sans produit chimique. Les gens ne veulent pas manger de la nourriture contenant des micros polluant chimiques.
Pour les besoins ménagers, les utilisateurs d’une Fosse Biologique n’utilisent que des produits bio. C’est un choix personnel avant tout, mais cela devrait être également un choix de société car les micros polluant chimiques refont surface tôt ou tard dans notre assiette."
-"Existe-t-il des produits bio permettant de laver la vaisselle, le sol, les WC ?"
-"Votre procédé permet-il de rendre les eaux usées potables ?"
- Jean Marius d’Alexandris
-"Qu’advient-il des produits chimique (détergents, morceaux de plastique, métaux lourds, etc...) que les gens ont pu jeter aux toilettes ou déverser dans leur évier et qui se retrouvent dans les eaux usées ?"
Les habitants d’une maison équipées d’un Assainissement Biologique ont adopté la Biologie Attitude. Ils suppriment de leur mode de vie tous les produits contenant des molécules chimiques. Ils n’utilisent que des produits biologiques pour laver la vaisselle, du savon biologique pour l’entretien corporel, du shampoing biologique, du produit biologique pour les WC. Tous ces produits sont vendus en grande surface ou dans des magasins spécialisés dans le bio."
-"Quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter pour créer votre entreprise ?"
-"Quelle est actuellement la situation commerciale de votre entreprise ? Est-elle rentable ? Touchez-vous des subventions ? Bénéficiez-vous d’avantages fiscaux ?"
J’élabore toute la documentation de présentation nécessaire à une bonne compréhension pour ce que l’on appelle « un produit généralisé », c’est-à-dire un produit dont tout le monde puisse comprendre l’utilité, qui peut être implanté dans n’importe quelle situation, et surtout dans n’importe quel endroit du monde. D’un point de vue commercial, la Fosse Biologique n’est pas encore rentable. Je m’efforce de la faire connaître au grand public.
Actuellement, je travaille sur l’Afrique, parce qu’un concours de circonstances m’a fait rencontrer un Sénégalais intéressé par mes idées. Ensemble, nous avons élaboré ce que nous appelons le PROJET. Cela consiste à récupérer, une par une, les eaux usées de toutes les maisons d’un petit village, et de les transporter jusqu’au bord de l’exploitation agricole où le procédé « Fosse Biologique » est installé. Chaque fois que 1000 litres d’eaux usées entrent dans le procédé, à la sortie ce sont 1000 litres d’eau fertilisante qui se dispersent dans le champ par un système d’irrigation. En France, avec le produit de ma Fosse Biologique, j’arrosais le jardin potager. Avec le système mis au point au Sénégal, j’irrigue une exploitation agricole. Un jardin potager fournit de la nourriture à une famille. Une exploitation agricole peut fournir de la nourriture à tout un village.
Je n’ai jamais touché de subvention."
-"Pouvez-vous nous citer quelques exemples de vos réalisations et nous décrire les conséquences qu’elles ont eues ?"
En France, j’ai créé une centaine de « sites pilotes » de traitement des eaux usées pour des habitats qui utilisaient auparavant une fosse septique autonome. J’ai obtenu une certification scientifique de fonction dont les analyses déterminent qu’il y a bien une diminution de la densité de la matière organique entre l’entrée et la sortie du procédé. La certification parle d’« abattement ».
J’ai mis au point un concept de traitement des eaux usées adaptable à toutes les configurations d’habitat possibles : soit une maison individuelle avec son système d’assainissement, soit plusieurs maisons regroupées sur un même système d’assainissement, soit un immeuble, un lotissement, une grande ville.
J’ai conçu un schéma directeur d’assainissement biologique pour une ville, le CEBRE."
-"Pour fonctionner, votre système n’implique-t-il pas que tous les habitants de la ville se convertissent à la Biologique Attitude ? Que se passe-t-il si tel n’est pas le cas et qu’un grand nombre d’entre eux continuent de vivre comme d’habitude ?"
Chaque maison non raccordée au collectif réduit le coût de traitement des eaux usées de la commune : pas d’infrastructure de raccordement et de collecte, moins de volume d’eaux usées à traiter, moins de production de résidus de boues, réduction du coût des traitement palliatifs de ces boues (incinération, épandage, stockage, séchage, transport, etc), réduction des frais de gestion et d’entretien.
L’utilisation généralisée du CEBRE diminuerait de 150 milliards d’euros environ en cinq ans, la facture de l’assainissement des eaux usées en France. J’ai fait un devis pour la mise en place du CEBRE pour la mairie d’une commune de 980 habitants : coût 600000 euros. Le devis d’assainissement traditionnel était, lui, estimé à 6 millions d’euros. Si on multiplie le montant économisé par le nombre de communes que compte la France –il y en a 36000- cela permet de faire une estimation des économies possibles à l’échelle du pays.
Le PROJET Revalorisation des eaux usées pour une agriculture biologique productive s’implante en Afrique. Fin 2014, pour la première fois, un bilan de performance et de résultat d’exploitation agronomique va pouvoir être fait. L’agriculteur pense doubler largement sa production, voire peut-être la tripler.
Un autre projet me tient à coeur : le recyclage d’eaux usées pour une banque alimentaire. Des gens de condition défavorisée, mais désireux de travailler, exploiteront pour leur propre compte des champs abandonnés, et ils pourront donner le surplus de leur production à d’autres défavorisés, à des hôpitaux, des écoles, des associations humanitaires, les restos du cœur, etc. Une manière de réinsertion valorisante dans le monde du travail.
Pour la première fois, à la suite d’un appel d’offres de marché, une mairie installe un site pilote « Fosse Biologique »."
-"Comment envisagez-vous l’évolution future de votre activité ?"
Je fais mes premiers pas en Inde. Je ne sais pas trop comment les choses vont se présenter là-bas. Il me faudra m’adapter à la situation locale."
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Une Entreprise Verte |
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